Nous avons loué une petite moto pour explorer le plateau des Boloven au Laos. Une boucle de 3 jours avec plus de 300 km au programme.
Jour 1 : Pakse – Tad Lo (85 km)
Nous quittons la “guesthouse” vers 11h sous un beau soleil, direction Tad Lo à 85km de là. La signalisation étant pratiquement inexistante ici, nous disposons d’une carte et des indications du Lonely planet pour nous diriger. Nous faisons des calculs avec le compteur kilométrique pour ne pas rater les embranchements. D’un autre côté, ce n’est pas trop dur car il n’y a pas cinquante routes dans le coin.
La route est bien goudronnée sur cette portion et il n’y a pratiquement aucune circulation : le bonheur ! Nous nous arrêtons à une première cascade entourée par une sorte de village “éco-touristique” visité en majorité par des touristes thaïlandais. La cascade permet de faire une pause bien agréable.
Sur la route, nous ressentons la douceur de vivre laotienne. Plein de sourires et de “Sabai-Dee” (“Bonjour” au Laos) ponctuent notre chemin.
Nous arrivons finalement à Tad Lo, petit village au bord d’une rivière bien agréable. Nous y dégustons un poulet à l’os (80% os, 20% viande) et une salade de papaye, demandée non épicée mais qui s’avérera être une salade de piments avec de la papaye (attention à la salade de papaye au Laos : c’est un des plats les plus épicés 👿 que nous ayons mangé depuis le début du voyage).
Nous repartons sur notre bolide (40 km/h) en direction des cascades du village. Un mince filet d’eau chute d’une hauteur impressionnante (genre chute du caribou qui pisse au Québec). Le soir, nous faisons les pachas au bord la rivière avant que les insectes ne rendent l’endroit insupportable (surtout ceux qui se suicident en se noyant dans la sauce des rouleaux de printemps).
Jour 2 : Tad Lo – Paksong (180 km)
Aujourd’hui, levés à 5h45 (heure habituelle au Laos), nous prenons un petit-déjeuner au marché local. En avant pour une longue journée ! La route commence par 30 km de route en terre, pas trop difficile jusqu’à ce qu’il se mette à pleuvoir à torrent. Nous trouvons refuge dans la boutique d’un village (bar, station service, épicerie et refuge pour voyageurs trempés). Nous sommes accueillis chaleureusement par une multitude de sourires. Une fois l’averse terminée, nous repartons au ralenti sur la route devenue un véritable terrain de motocross boueux. Heureusement, nous retrouvons rapidement le bitume et une route sèche.
Mais le meilleur et le plus dur reste à venir avec la montée sur le plateau des Boloven. Nous faisons le plein de la moto et quelques signes de croix pour éviter les ennuis mécaniques car la route non bitumée fait 71 km en pleine jungle sans traverser beaucoup de villages. La route en terre rouge dans une jungle ombragée est magnifique. Nous nous arrêterons en chemin pour découvrir deux splendides cascades perdues en pleine nature et pas faciles à trouver. La fin de la route sera moins paradisiaque, avec le retour de la pluie et une route ressemblant à un champs de mines où il faut zigzaguer entre les nids de poule (la route est faite de nids de poule ponctués par des portions de bitume).
Nous arrivons humides et honteusement “crados” dans une agréable “guesthouse”. Notre chambre donne sur un jardin où des singes agiles font un spectacle d’acrobaties dans un arbre.
Jour 3 : Paksong – Pakse (50 km)
Paksong est connue pour son café (apporté par les Français durant la colonisation). Nous commençons la visite par le marché pour prendre le petit déjeuner où nous nous régalons de beignets et de sucreries.
Nous nous arrêtons à une affiche en anglais qui propose d’acheter du café ou de le déguster. Nous y rencontrons Coffee, un Hollandais marié à une Laotienne qui vit ici. Lui et sa femme possèdent des plantations de café et il nous propose de passer la journée en sa compagnie pour tout comprendre du café. Nous faisons la visite avec Brian, Américain qui voyage depuis qu’il s’est fait licencier dans la finance à cause de la crise. Nous enchaînons les tasses du délicieux mais très fort café de Coffee avant de partir dans son camion vers les plantations, un peu survoltés.
Arrivés dans les plantations, première mise en garde : c’est le début de la saison des pluies et donc l’herbe est infestée de sangsues. Nous passons la moitié de la visite à regarder nos jambes et nos chaussures pour voir si ces vampires ne nous ont pas mordus. Malgré notre vigilance, Jeff en choppe une et Brunève aussi. C’est vraiment impressionnant : l’herbe est infestée de ses animaux voraces qui vous foncent dessus dès qu’ils vous aperçoivent, il faut tout le temps bouger et vérifier ses chaussures, et même en faisant cela, ça ne suffit pas.
Une plantation de café ressemble à des rangées de petits arbustes. Les caféiers ont besoin d’ombre : des arbres sont plantés pour apporter cette ombre, mais aussi pour nourrir ceux qui viennent récolter le café quand les plantations sont en pleine jungle et éloignées des villages. La plantation présente quelques cratères de bombes : les bombardiers B-52 américains durant la guère du Vietnam ne pouvant pas atterrir avec leur chargement de bombes, ils vidaient leur cargaison dans cette zone quand ils avaient raté leur objectif initial. Le Laos est le pays qui possède le plus de bombes non explosées du monde, mais heureusement pas de mines contrairement au Cambodge.
Après avoir arraché nos sangsues dans un spectacle un peu gore (âme sensible s’abstenir), nous repartons chez Coffee pour apprendre à torréfier le café.
Comment fait-on du café ?
Le café est un arbre qui produit des baies (deux variétés dominent : Arabica et Robusta). Une fois que celles-ci atteignent maturité, elles sont récoltées puis séchées au soleil (3 semaines). Une fois sèches, une machine les lave et en sépare les graines. On fait alors sécher ces graines pendant 12 jours. On obtient ainsi des graines de café vert. Il n’y a plus qu’à les torréfier, c’est à dire enlever toute l’humidité à l’intérieur des graines. Pour cela, on fait chauffer les graines et on arrête le processus quand toute l’humidité est partie et que les graines commencent à brûler.
Une fois de retour chez Coffee, nous dégustons encore quelques tasses qui ont pour effet de commencer à sérieusement nous exciter (nous commençons à sentir le rythme de nos pulsations cardiaques augmenter). Nous sommes au bord de l’overdose. Il nous montre alors comment torréfier notre café avec un wok. Il fait chauffer un wok à feu très fort, et une fois le wok très chaud (500°C), il prend deux poignées de graines et les met dans le wok en remuant. La difficulté du processus est de savoir quand arrêter la torréfaction. Nous torréfions le café que nous emportons et reprenons une petite tasse pour goûter à notre café.
Nous repartons en fin de journée après avoir passé une excellente journée avec Coffee qui nous a fait partager sa passion pour le café. Pour ceux qui aiment dormir dans des forêts infestées d’insectes et de sangsues, il propose des treks extrêmes (limite survie) dans la jungle. Rodolphe, nous sommes sûrs que ça te plairait !
Nous finissons la boucle par deux magnifiques cascades avant de regagner Pakse, crados et survoltés par le café (nous avons frôlé l’overdose), mais heureux de notre périple.
28 April 2009 à 7:55
“Pour ceux qui aiment dormir dans des forêts infestées d’insectes et de sangsues, il propose des treks extrêmes (limite survie) dans la jungle.”
Comme c’est gentil de penser a moi !
Je n’osais pas l’avouer, mais, oui, c’est mon rêve depuis l’age de 6 ans.
mmm…. quoique.
Autant les aspects trek (trop facile, sans les pieds), extrême (sinon on s’ennuie), survie (et sans balise argos svp), et sangsue (je jouais avec bien avant l’age de 6 ans) ne me posent aucun problème, autant les moustiques, je dois avouer, ça me refroidit sacrement ! Et puis qu’est-ce que c’est que cette coalition de bestioles-vampires d’abord ? Ils connaissent pas Buffy dans ce pays ?
28 April 2009 à 14:18
ahahah !!! ça m’aurait étonné que Jeff ne choppe pas de sangsue … le seul a en avoir eut une au Népal alors qu’il n’y en avait presque pas 🙂
5 May 2009 à 13:32
Rodolphe,
Viens pas en Asie, si tu n’aimes pas les moustiques. Ces charmantes bêtes nous suivent depuis notre entrée au Vietnam !
Vive l’inventeur de la moustiquaire !
Kevin,
Franchement là celui qui n’en choppait pas une, il était vraiment vénard !
La jungle malaisienne semble remplie de ces adorables animaux, il existe même des chaussettes anti-sangsue !
La sangsue c’est tabou ! On en viendra tous à bout !